3 QUESTIONS À...


1/ Dans quel contexte s'inscrit votre étude sur l'impact de la pandémie de Covid-19 sur la mortalité de personnes à risque de handicap ?

Les personnes vivant avec une maladie chronique, et plus spécifiquement celles exposées à un risque de handicap, ont été particulièrement vulnérables face au risque de décès pendant la pandémie de Covid-19. Leurs comorbidités constituent en effet des facteurs aggravants, qui sont susceptibles de favoriser le développement d'une forme grave de l'infection. Par ailleurs, le contexte de crise sanitaire a pu perturber leur suivi médical et médico-social, et entraîner un risque accru de dégradation de leur état de santé pouvant mener jusqu'au décès. Notre étude porte plus spécifiquement sur trois de ces populations, à savoir les personnes vivant avec une lésion médullaire, une sclérose en plaques ou un trouble psychique sévère et persistant. A partir des données du Système national des données de santé, nous présentons l'évolution de leur mortalité avant et pendant la pandémie en France, pour analyser les effets de cette crise sanitaire.

2/ Votre recherche montre que les trois populations étudiées n'ont pas été touchées de la même manière - qu'en est-il plus précisément, et comment l'expliquer ?

Les trois populations ont connu une hausse de la mortalité entre 2020 et 2022, supérieure à celle de la population générale, mais avec une ampleur et une temporalité variables. Pour les personnes vivant avec une lésion médullaire ou un trouble psychique sévère et persistant, la mortalité a augmenté dès 2020, comme pour la population générale. Elle est ensuite restée supérieure à ce qui était attendu en l'absence de pandémie, et ce jusqu'en 2022. Pour la population vivant avec une sclérose en plaques, le nombre de décès observés n'a dépassé celui des décès attendus qu'à partir de 2022. Si la mortalité par Covid-19, supérieure dans les populations étudiées, a contribué à la forte hausse de la mortalité observée en 2020, ce n'est plus le cas en 2022. L'épidémie de grippe et les épisodes de canicule observés cette année-là peuvent, comme pour la population générale, expliquer ces résultats.

3/ Quelles pistes d'amélioration des politiques publiques de santé pourrait-on envisager au vu de ces résultats ?

Ces résultats plaident en faveur de travaux complémentaires qui permettraient d'identifier les déterminants multifactoriels de cette surmortalité. Certains, déjà connus, comme les difficultés d'accès aux soins, les comportements de santé à risque, l'isolement social ou la précarité pourraient faire l'objet de politiques spécifiques ciblées. Ils appellent également à mieux prendre en compte ces vulnérabilités, particulièrement dans un contexte de crise, pour limiter les pertes de chances de ces populations. Un renforcement des recommandations ou l'élaboration d'un plan dédié pourrait permettre d'anticiper les futures crises et en limiter les conséquences sur l'état de santé de ces populations.