Les séminaires « Mardis de l'Irdes » présentent des travaux de recherche finalisés ou en cours.
Ils répondent à deux objectifs :
Les « Mardis de l'Irdes » se déroulent généralement un mardi à 11h00 à l'Irdes et sont ouverts aux personnes extérieures (chercheurs, administrations, professionnels de santé, etc.). La durée d'un séminaire est au maximum d'une heure et demie, soit jusqu'à 45 minutes d'exposé et 45 minutes de discussion.
Les séminaires de recherche de l'Irdes, qui constituent un outil de présentation, de discussion scientifique et de diffusion de travaux de recherche en cours de réalisation dans le domaine de l'économie de la santé, sont ouverts à l'ensemble de la communauté scientifique. Dans leur version historique, ils sont désormais intégrés aux « Mardis de l'Irdes ».
Castelli A. (University of York)
Mardi 18 octobre 2011
The English NHS has received significant increases in funding over the last few years. For public accountability it is crucial to assess whether the increased public spending in the NHS or by its various organisations has achieved 'value for money' (Atkinson, 2006). To this end, we construct measures of NHS output, input and productivity.
Output comprises of all care provided to NHS patients in either the acute or community setting. We adjust output for changes in quality, captured in terms of survival rates, waiting times and disease management. We measure growth in labour, intermediate and capital inputs. Productivity is assessed by comparing output growth with growth in inputs. We analyse data from sources including the Hospital Episode Statistics, Reference Cost returns, Workforce Census, Financial Returns and Prescription Pricing Authority.
We calculate sub-national (Strategic Health Authorities) estimates of input, output and productivity growth in an attempt to determine which parts of the country secure best value for money in the NHS.
Errea M., Cabasés J.M., Departement des Affaires Économiques, Universidad Pública de Navarra, Pamplona (Espagne)
Mardi 27 septembre 2011
Objectif. Nous analysons comment les individus répondent aux différents types d'incitations, pour attirer (crowd-in) de nouveaux donneurs de sang ou d'organes en vie, sans exclure (crowd-out) ceux qui donnent déjà.
Méthodes. Nous proposons une fonction d'utilité pour des individus partiellement égoïstes et altruistes, qui explique la décision des individus de devenir ou non donneurs de sang ou d'organes. L'intérêt est d'analyser comment cette décision pourrait être affectée par des interventions extérieures. Empiriquement, nous analysons la relation entre les différents types d'incitations, monétaires et non monétaires (reconnaissance sociale, la priorité en matière d'accès aux soins…), et la volonté des individus de donner.
Résultats. Il semble exister des incitations qui attirent de nouveaux donneurs sans exclure les donneurs actifs. Cependant, l'effet final dépend de l'interaction entre le niveau d'altruisme, l'acceptation/aversion à recevoir une compensation, ainsi que de l'élasticité aux incitations. Une enquête auprès d'employés d'une Université (N=281) et de donneurs de sang (N=200) montre que les incitations non-monétaires favorisent le don, alors que les incitations monétaires le pénalisent.
Conclusions. Les politiques devraient donc se concentrer sur des incitations non monétaires en proposant, par exemple, des priorités dans l'accès au soins pour les donneurs et préférence dans les listes d'attente pour les donneurs d'organes vivants. Dans le cas d'organes vivants, les incitations monétaires augmenteraient le nombre de personnes donnant pour leur propre interêt.
Pelsy E. (école de Commerce de Nancy ICN), Sibue de Caigny C. (Sociologue), Zimmer M.-F. (Administratrice ATD Quart-Monde), Boissonnat H. (Département santé ATD Quart-Monde),
Mardi 13 septembre 2011
La prise en compte des modes de recours individuel des plus pauvres à l'assurance santé est un sujet stratégique d'actualité. D'actualité, car les réformes en cours de la Sécurité Sociale entraînent une hausse des frais restant à la charge des assurances complémentaires et des patients. Sujet stratégique car, dans le cadre des politiques de réduction des inégalités de santé, l'accès à une couverture santé complémentaire est essentiel pour favoriser l'accès aux soins et à la prévention. A ce jour, nous constatons que le « non recours » à la complémentaire santé a des conséquences aggravées sur l'accès aux soins et l'état de santé des plus fragiles, quand il ne contribue par à leur endettement.
ATD Quart Monde, en lien avec les partenaires du « Réseau Santé Précarités de Nancy », a entendu des usagers de la santé parmi les plus fragiles parler de leur recherche de complémentaire lors de leur sortie de la CMU C, de leur entrée dans le RSA Activité, de leur passage à la retraite. Nous avons ainsi recueilli constats et préconisations qui seront le socle de cette recherche action dont le but est la mise en place d'un contrat « complémentaire santé de groupe » accessible aux personnes en situation de précarité et répondant à leurs besoins.
Mardi 6 septembre 2011
Les événements indésirables représentent non seulement un problème de sécurité et de qualité des soins pour les patients, mais également un problème économique, leurs conséquences financières étant considérables. Dans un contexte de dépenses de santé croissantes et un souci d'efficience économique, l'identification des événements indésirables et la mesure de leur impact, à la fois humain et économique, constituent un sujet d'étude majeur.
Notre étude fournit les premières estimations nationales du coût économique des événements indésirables associés aux soins (EIS) à l'hôpital en France, en exploitant les données médico-administratives collectées en routine en 2007. Pour détecter les événements indésirables, elle suit la méthodologie développée aux Etats-Unis et validée internationalement permettant de calculer les indicateurs de sécurité des patients (PSI). Les surcoûts liés aux événements indésirables sont calculés par deux méthodes d'estimations alternatives pour assurer leur robustesse : stratification et modélisation. Notre étude montre que les défaillances dans l'organisation et le processus de soins à l'hôpital, qui peuvent se manifester par la survenue d'événements indésirables, représentent un coût économique significatif pour le système de santé français.
Pasini G. University of Venice, Netspar, Network for Studies on Pensions, Ageing and Retirement
Mardi 5 juillet 2011
This paper investigates what motivates intergenerational time and money transfers. We consider a model in which transfers may be driven not only by altruism, but also by exchange considerations. We use data from the Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE) to discriminate between the two motives. We show that both if we consider money transfers from parents to children and time transfers from children to parents, the empirical evidence rejects pure altruism in favor of exchange. This result has important policy implications on the effectiveness of formal care provision as a substitute for informal care and on the impact of taxation on transfers.
Mardi 28 juin 2011
L'objectif de cet article est de mettre en évidence la relation entre la durée d'arrêt de travail, les salaires et l'Assurance maladie. Les propriétés d'équilibre du modèle théorique proposé montrent qu'il existe une indétermination de l'effet du salaire sur la durée de l'arrêt de travail et que les règles de l'Assurance maladie modifient aussi cette durée l'arrêt. Cette propriété est soumise à estimation économétrique en utilisant la base de données Hygie, construite à partir de la fusion des fichiers administratifs de salariés du secteur privé en France en 2005.
Nous estimons un modèle à hasard proportionnel à temps discret en tenant compte de l'hétérogénéité inobservée sur l'échantillon des hommes et des femmes. Afin de lever l'indétermination du salaire sur la durée d'arrêt de travail, quatre niveaux sont mobilisés : le niveau actuel du salaire, le taux d'évolution depuis le début de la carrière salariale, la progression sur les deux dernières années et le salaire d'efficience. Les résultats des estimations montrent que le salaire actuel a un effet négatif sur la durée d'arrêt de travail. En revanche, une forte progression salariale de long terme tend à réduire la durée d'arrêt de travail pour les hommes et à la rallonger pour les femmes.
Mardi 21 juin 2011
Les réformes des systèmes de retraite laissent de plus en plus de liberté de choix aux seniors actifs. En effet, les systèmes de bonus-malus ayant comme but d'inciter au recul du départ à la retraite reposent sur l'idée que les individus pourraient arbitrer entre travail et loisir. Toutefois, ces politiques sont dépendantes des anticipations que font les actifs sur leur future retraite. La compréhension de la formation des anticipations est alors primordiale pour la réussite de telles politiques. Cette recherche s'appuie sur les trois premières vagues de l'enquête SHARE afin de tester l'hypothèse de rationalité des anticipations dans la formation des aspirations à l'emploi des seniors et leurs réalisations sur les marchés du travail européens.
Nous montrons que les anticipations sont partiellement des déterminants de choix de départ à la retraite des travailleurs âgés et que ces anticipations sont relativement stables dans le temps. Notre étude conclut que les conditions de travail comme les déterminants liés à la santé sont des facteurs importants de la formation de ces aspirations et doivent être considérés dans les réformes des systèmes de retraite à l'initiative des plans sur le vieillissement actif et d'une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail.
Professeur White J., Case Western Reserve University, Cleveland, Ohio, professeur associé de la chaire d'Économie et gestion des services de santé au Cnam.
Mardi 31 mai 2011
In the recent American debate about health care reform the work of John Wennberg and his Dartmouth Atlas colleagues, documenting large variations in medical practice from hospital to hospital and region to region, was exceedingly prominent. It was continually described as offering the key to reducing costs and improving the quality/cost ratio for the health care system. The talk will explain why this was a quite faulty policy analysis, and then review some other concerns that the variations literature raises, such as equity and the weak evidentiary basis for much of medical practice. As numerous national authorities seek to replicate Dartmouth Atlas kinds of analyses in their countries, it seems worthwhile to clarify how this work can, and cannot, be used to improve policy.
Laforest L.*, Martin J.*, Schwalm M.-S.**, Bourke A. ***, Licaj I.*, Van Ganse E*.
Mardi 24 mai 2011
Contexte : La prise en charge de l'asthme a été peu comparée entre pays. Les traitements de patients asthmatiques suivis en médecine générale ont été comparés entre la France et le Royaume-Uni.
Méthodes : Une étude transversale, réalisée à partir des dossiers informatisés de médecins généralistes français (CSD) et britanniques (THIN), a inclus des patients (16-40 ans) avec ≥2 prescriptions d'un traitement respiratoire en 2007. Les prescriptions en 2008 d'antiasthmatiques, de corticoïdes oraux, d'antibiotiques et d'antitussifs ont été comparées entre les deux pays.
Résultats préliminaires : Un total de 7608 patients ont été recrutés en France (âge moyen 29 ans, 56 % de femmes) et de 46150 au Royaume-Uni (âge moyen 29 ans, 54 % de femmes). Environ 35 % des asthmatiques français n'avaient pas de traitement respiratoire en 2008, contre seulement 16 % au Royaume-Uni. Les patients britanniques recevaient moins d'associations fixes (Seretide, Symbicort, Innovair) (30 % vs. 37 %), de corticoïdes oraux (13 % vs. 24 %) et d'antitussifs (3 % vs. 25 %). En revanche, les bêta agonistes à courte durée d'action et les corticoïdes inhalés non combinés étaient davantage prescrits au Royaume-Uni.
Conclusions : Des différences marquées dans les habitudes de prescriptions des médecins généralistes ont été observées entre France et Royaume-Uni. Cette comparaison sera étendue à l'Italie.
* CHU Lyon, Unité de Pharmaco-épidémiologie Lyon France
** Cegedim Strategic Data, Boulogne, France
*** EPIC, Cegedim Strategic Data, London, UK
Bergua L., Cartier T., Célant. N., Pichetti S., Sermet C., Sorasith C.
Vendredi 13 mai 2011
Au sein du marché pharmaceutique, la multiplication grandissante des médicaments à l'intérieur d'un même groupe thérapeutique soulève plusieurs controverses. L'utilité de ces médicaments dits « similaires » est remise en cause par certains auteurs et le différentiel de prix parfois observé au sein des classes thérapeutiques est souvent contesté. Cette étude poursuit la réflexion engagée par Laure Bergua sur les déterminants de ces écarts de prix. La constitution des groupes de médicaments se fait à indications comparables. L'indicateur de prix étudié est le Coût de Traitement Journalier. Un indicateur d'innovation reconstruit à partir de l'ASMR permet de positionner le médicament par rapport à l'historique des ASMR de sa classe. Nos variables explicatives tiennent compte des caractéristiques du produit, des caractéristiques contextuelles du marché ainsi que des modifications intervenues dans la classe sur la période étudiée.
Wittwer J., Jusot F., Guthmuller S., Desprès C., Renaud T.
Mardi 26 avril 2011
Le dispositif de l'Aide Complémentaire Santé (ACS) a été mis en place au 1er janvier 2005 afin d'inciter les ménages dont le niveau de vie se situe juste au dessus du plafond CMU-C à acquérir une couverture complémentaire santé (CS). Même si le nombre de bénéficiaires a lentement progressé depuis son introduction, le recours à l'ACS reste faible. Deux hypothèses peuvent être formulées pour expliquer cet état de fait :
1) le défaut d'information sur l'existence du dispositif, son fonctionnement et sur les démarches à entreprendre pour en bénéficier
2) l'insuffisance du montant de l'aide, une CS resterant trop chère même après déduction de l'aide.
Afin de tester la validité de ces deux hypothèses, une expérimentation contrôlée a été mise en place à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) de Lille en 2009. Trois groupes d'assurés potentiellement éligibles à l'ACS au regard des ressources leur ayant donné droit à prestations de la CAF ont été aléatoirement constitués ; le premier groupe (groupe témoin) s'est vu proposer le montant d'ACS en vigueur, le deuxième groupe (groupe traité 1) a reçu une proposition d'aide majorée et le troisième groupe (groupe traité 2) a reçu en plus d'une proposition d'aide majorée, une invitation à une réunion d'information sur le dispositif. Les demandes d'ACS ainsi que les ACS notifiées ont été suivies pendant 6 mois. Une post-enquête a ensuite été réalisé auprès de la population expérimentée pour comprendre les causes du non recours à l'ACS.
L'analyse des taux de dossiers de demande retournés par groupe ainsi que le nombre d'ACS accordées rend compte des conclusions suivantes :
1) La majoration du « chèque santé » a un effet faible mais significatif sur le recours à l'ACS.
2) De manière inattendue, l'invitation à la réunion d'information annule l'effet de la majoration du chèque.
3) Assister à la réunion augmente cependant de manière significative la probabilité de retourner un dossier de demande. Par ailleurs, les bénéficiaires d'une CS ne répondent pas de manière significativement différente aux non bénéficiaires, ce qui laisse à penser que la question centrale du non recours à l'ACS n'est pas celle du coût de la CS mais plus certainement celle de l'accès à l'information et celle du coût et de la difficulté des démarches, comme le confirme les premiers résultats de la post enquête.
Lufkin T.
Vendredi 8 avril 2011
Dans cet article, nous étudions les interactions au sein d'une fratrie lors de la décision d'apporter de l'aide informelle à un parent. Dans ce but, nous utilisons un échantillon du Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE) composé de seniors européens résidant seuls et ayant deux enfants. Nous spécifions un modèle simultané en deux parties avec des copules, qui tient compte de la simultanéité des décisions des frères et sœurs, tout en permettant une grande flexibilité. Les résultats indiquent que les enfants sont influencés par le choix de leur frère ou sœur dans leur décision d'apporter de l'aide à leur parent. Par contre la quantité d'aide apportée n'est pas soumise à des considérations stratégiques. Les résultats suggèrent également que le choix de la copule utilisée pour modéliser la relation de dépendance entre les variables d'intérêt est crucial, de mauvaises interprétations pouvant être tirées en utilisant une copule ne capturant pas correctement la dépendance dans la partie droite de la distribution.
Andrade L.
Lundi 21 mars 2011
Très peu d'études empiriques sur les médicaments de type « follow-on » ont été réalisées. Partant de ce constat nous proposons une analyse empirique des déterminants de l'ordre d'arrivée sur le marché des médicaments « follow-on » ou « similaires » en France. Dans un premier temps nous nous concentrerons sur les variables individuelles et de groupes caractérisant chaque médicament similaire en fonction de son ordre de commercialisation.
Nous utilisons également d'autres variables qui affectent particulièrement les écarts de prix et les parts de marché des similaires. Dans un deuxième temps l'objectif est d'analyser les parts de marché en fonction de la sortie du similaire sur le marché et parallèlement mieux comprendre les évolutions des écarts de prix en fonction de l'ordre d'arrivée du produit. Nous utilisons l'analyse longitudinale pour mieux comprendre la dynamique des variables dans le temps.
Mezzarobba M., Blotière P.-O., Ricci P., Weill A., Ricordeau P., Allemand H. (CNAMTS)
Mardi 15 mars 2011
Les dépenses de santé s'accroissent avec la proximité de la mort. Au cours de la dernière année de vie, elles sont estimées, selon les sources, de 10 à 30 % de l'ensemble des dépenses. Notre étude, qui porte sur les personnes décédées en 2008, a montré qu'en moyenne, durant la dernière année de vie, les remboursements s'élèvent à 22 000 € et représentent 10,5 % de l'ensemble des dépenses. Nos résultats laissent apparaître des montants remboursés très différents selon les causes médicales de décès, le sexe et l'âge, montrant notamment un effet négatif de l'âge sur les dépenses de fin de vie à partir de 65 ans. Il est également à noter que les dépenses de santé augmentent très fortement à l'approche de la mort, le dernier mois de vie correspondant à 28 % des remboursements de la dernière année. Les dépenses de santé, tout comme la probabilité de décéder, augmentant avec l'âge, nous avons également cherché à voir dans quelle mesure la proximité de la mort pouvait être un facteur de confusion entre l'âge et le montant des dépenses de santé. On constate qu'une fois prise en compte la proximité de la mort, l'effet de l'âge sur les dépenses de santé est moindre.
Mardi 1er mars 2011
L'objet de cet article est d'évaluer l'effet monétaire de différentes mesures de hausse de participations financières à travers cinq réformes : Une hausse de 5 % du ticket modérateur sur tous les actes médicaux, une hausse du seuil d'exonération associé aux actes techniques, une baisse de 5 % du taux de remboursement des médicaments à vignette bleue, une augmentation de 1 euro appliquée au forfait hospitalier et à la participation forfaitaire de 1 euro.
Nos résultats montrent que l'augmentation moyenne des Restes à charge après réforme n'est pas homogène sur l'ensemble de la population et selon les mesures. Les plus riches ont une augmentation de restes à charge plus importante que les pauvres car ils consomment en moyenne plus de soins. Or si l'on prend en considération les revenus, cette augmentation a moins d'impact sur les plus riches que les plus pauvres. De plus, notre système de santé actuel protège les plus démunis de la baisse de la prise en charge publique grâce à la Cmu mais aussi les plus malades grâce au dispositif des Ald. Les réformes envisagées renforcent cette constatation, ce qui à terme pourrait remettre en cause l'acceptabilité du système par les plus riches et les biens portants.
Perronnin M., Franc C., Pierre A.
Mardi 18 janvier 2011
L'analyse de l'effet de l'assurance santé sur les consommations médicales représente un enjeu important en termes d'analyse de l'équité et de l'efficience du système de santé. En France, plusieurs travaux ont testé l'effet de l'assurance complémentaire santé sur les consommations de soins. Néanmoins, pratiquement tous étaient menés sur des données en coupe transversales. De plus, ils considéraient l'effet d'être couvert plutôt que de ne pas être couvert, ne tenant ainsi pas compte de l'importante hétérogénéité des garanties au sein de la grande majorité de la population bénéficiant d'une couverture complémentaire. Enfin, aucun ne testait explicitement si l'effet de l'assurance complémentaire résultait de risque moral ex-post pur ou d'une amélioration de l'accès aux soins.
En juillet 2003, la MGET a introduit un contrat de surcomplémentaire qui complète les remboursements du contrat d'assurance complémentaire de base de la mutuelle en remboursant une partie des dépassements sur les soins de médecins, l'optique et le dentaire. Au moyen de données longitudinales sur une période allant de janvier 2001 à décembre 2005, nous analysons l'effet de la surcomplémentaire sur les consommations de soins sur un échantillon de 18 126 individus. Ce contexte nous permet d'étudier l'effet d'un supplément de garanties chez des personnes déjà assurées, et l'évolution de cet effet au cours du temps et selon le revenu.
Nous observons que l'effet de la surcomplémentaire est particulièrement important pour les soins de médecins, l'optique et le dentaire, postes qui font l'objet d'un supplément de remboursements par la surcomplémentaire. Cet effet, élevé au moment de la souscription, tend ensuite à diminuer au cours du temps. Enfin, l'effet de la surcomplémentaire est significativement plus important chez les bas revenus que chez les hauts revenus pour les soins pris dans leur ensemble et pour les soins de médecin. Ces deux derniers résultats suggèrent qu'en améliorant l'accès aux soins, notamment chez les bas revenus, la surcomplémentaire a permis à ses bénéficiaires de combler des besoins de soins qu'ils ne pouvaient pas satisfaire auparavant.