Les séminaires « Mardis de l'Irdes » présentent des travaux de recherche finalisés ou en cours.
Ils répondent à deux objectifs :
Les « Mardis de l'Irdes » se déroulent généralement un mardi à 11h00 à l'Irdes et sont ouverts aux personnes extérieures (chercheurs, administrations, professionnels de santé, etc.). La durée d'un séminaire est au maximum d'une heure et demie, soit jusqu'à 45 minutes d'exposé et 45 minutes de discussion.
Les séminaires de recherche de l'Irdes dans leur version historique sont désormais intégrés aux « Mardis de l'Irdes ».
Auteurs : Penneau A., Or Z. et Pellet L. (Irdes)
Discutant : Bricard D. (Irdes)
Mardi 15 décembre 2020
Contexte : Les hospitalisations et le recours aux urgences des personnes âgées atteintes de la Maladie d'Alzheimer et syndromes apparentés (Masa) sont identifiés comme des facteurs pouvant aggraver l'état de santé mentale et physique de cette population fragile. Les modalités ainsi que la qualité de l'accompagnement social, médico-social et sanitaire de ces personnes sont susceptibles d'impacter le niveau des hospitalisations évitables. Peu étudiées en France, cet article propose d'analyser les disparités territoriales des durées cumulées d'hospitalisation et des passages aux urgences des personnes âgées atteintes de Masa et leurs déterminants territoriaux. Nous questionnons en particulier l'impact des politiques départementales d'organisation et de financement des soins médico-sociaux sur la prise en charge médicale des personnes âgées atteintes de Masa.
Méthode : Les analyses s'appuient sur une cohorte de nouveaux cas de personnes âgées de 65 ans et plus identifiées Masa en 2012 dans les bases de données du Système national des données de santé (SNDS). Nous analysons les disparités de durées cumulées de séjours hospitaliers en Médecine et chirurgie (MC) et en Soins de suite et de réadaptation (SSR), ainsi que le nombre de passages aux urgences non suivis d'hospitalisation de cette population sur les six années suivant l'identification de Masa. Nous réalisons une analyse multi-niveau territoriale en regroupant les personnes au niveau du territoire de vie (niveau 1) et du département afin d'analyser le rôle des facteurs liés à la demande (facteurs médicaux-démographiques), à l'offre de soins et à la politique médico-sociale départementale dans les variations observées.
Résultats : Il existe d'importantes variations de recours à l'hôpital et aux urgences en fonction du territoire de résidence des personnes âgées atteintes de Masa. Ces disparités sont en partie liées à l'état de santé de ces personnes, aux caractéristiques socio-économiques et au niveau d'isolement de la population âgée dans les territoires. Les résultats montrent que les recours à l'hôpital et aux urgences sont plus élevés dans les territoires où le niveau d'offre hospitalière est plus important. En revanche, dans les territoires où la densité de médecins généralistes est plus élevée, le recours aux urgences des personnes atteintes de Masa est plus faible. Enfin, l'utilisation des établissements de SSR et les passages aux urgences non suivis d'hospitalisation varient significativement en fonction des politiques départementales de soutien aux personnes âgées vivant à domicile ou en institution. Toutes choses égales par ailleurs, le recours aux établissements de SSR et aux urgences est plus important dans les départements qui ont un niveau de financement médico-social faible. De plus, les départements dont l'offre d'Ehpad est élevée ont un niveau de recours au SSR des personnes âgées atteintes de Masa dans le territoire moins important.
Conclusion : De fortes disparités départementales existent en termes de financement des services médico-sociaux pour personnes âgées. Nos résultats montrent que ces disparités ont un impact sur la prise en charge sanitaire de cette population dont les besoins de soins sont complexes. Mieux réfléchir l'articulation financière et organisationnelle entre les secteurs sanitaires et médico-sociaux est nécessaire pour assurer une prise en charge de qualité aux personnes âgées atteintes de Masa.
Penneau A. et Pichetti S. (Irdes)
Discutant : Brasseur P. (Irdes)
Mardi 6 octobre 2020
Problématique. De nombreuses barrières physiques et psychiques réduisent l'accès à la prévention des cancers féminins pour les femmes en situation de handicap. Pourtant, les institutions qui accueillent certaines de ces femmes sont susceptibles de développer une politique de prévention qui réduit ces difficultés d'accès. Dans cet article nous questionnons l'effet protecteur des institutions sur le recours à la prévention des cancers féminins.
Méthode. Nous comparons, à partir des données Handicap-santé de 2008, l'accès à la prévention des femmes en situation de handicap résidant en institutions et des femmes en situation de handicap résidant à domicile. Les femmes institutionnalisées ont des profils et des caractéristiques (niveau de dépendance, liens sociaux, …) qui diffèrent de ceux des femmes en situation de handicap résidant à domicile. Ces caractéristiques peuvent également influer sur la probabilité de réaliser des actes de prévention des cancers féminins. Afin de s'affranchir de ce biais de sélection, nous appliquons une méthode de matching, qui permet de sélectionner au sein des femmes en situation de handicap résidant à domicile une population comparable à celle des femmes institutionnalisées.
Résultats. Après prise en compte des différences de caractéristiques individuelles, les femmes handicapées résidant en institutions ont une probabilité significativement plus élevée d'avoir été dépistées que les femmes handicapées résidant à domicile. Cet effet protecteur des institutions sur le dépistage des cancers féminins varie fortement en fonction des types d'institutions (foyer de vie, Maison d'accueil spécialisée (Mas), Foyer d'accueil médicalisé (Fam), Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)) et du type de dépistage.
Carré B. (Cnam, Université Paris-Dauphine, PSL Research University, Leda, Legos), Jusot F. (Université Paris-Dauphine, PSL Research University, Leda, Legos, Irdes), Wittwer J. (Bordeaux Population Health, Université de Bordeaux, Inserm UMR 1219), Thomas M. (Cnam) et Gastaldi-Ménager C. (Cnam)
Mardi 8 septembre 2020
De 2000 à 2019, la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) garantit la gratuité des soins à ses bénéficiaires. A partir de données de remboursements de soins issues du Système national des données de santé (SNDS), nous estimons l'impact du recours à la CMU-C sur la consommation de soins ambulatoires. Nous utilisons les admissions à l'hôpital au sein des ménages bénéficiaires pour expliquer le recours individuel à la CMU-C et ainsi contrôler de l'effet de sélection dans le dispositif. Après avoir estimé l'impact de la CMU-C sur la consommation de soins, nous explorons la persistance dans le temps et l'hétérogénéité selon les caractéristiques individuelles de cet impact. Nos résultats montrent que la CMU-C a un impact positif important sur la probabilité de recours et sur la dépense de soins ambulatoires et que cet effet est persistant dans le temps.
Poucineau J., Com-Ruelle L. (Irdes)
Mardi 4 février 2020
Contexte et problématique : Les conditions de vie ont profondément évolué ces dernières décennies. Les jeunes sont particulièrement exposés à ces changements. C'est chez les adultes jeunes de 18 à 30 ans que s'effectue classiquement la transition entre l'adolescence et l'âge adulte. Or leurs comportements de santé sont déterminants pour leur santé future, d'autant plus que plusieurs comportements délétères peuvent se conjuguer.
Objectifs de la recherche : Dans la suite de travaux menés en 2018 sur les caractéristiques des profils d'alcoolisation des adultes jeunes selon les caractéristiques socio-économiques (Com-Ruelle, Choquet, 2019), l'objectif de cette étude est double : 1) décrire les différents comportements à risque pour la santé des adultes jeunes au regard des recommandations de santé. 2) construire une typologie de ces comportements et étudier les facteurs associés et potentiellement explicatifs.
Sources et méthode : Les données sont issues de l'Enquête santé européenne EHIS-ESPS 2014. L'étude porte sur les individus âgés de 18 à 30 ans. Des variables secondaires sont construites pour synthétiser chacun des domaines explorés. Deux typologies des comportements à risques conjugués intégrant les 4 types de comportements de santé sont réalisées, une pour les hommes et une pour les femmes, à l'aide d'une Analyse des correspondances multiples (ACM) suivie d'une Classification ascendante hiérarchique (CAH).
Résultats : L'échantillon d'étude comprend 2 626 adultes jeunes de 18 à 30 ans inclus, dont 1 286 hommes et 1 340 femmes observés séparément et en distinguant les 18-24 ans des 25-30 ans car leurs comportements ne sont pas identiques en France et évoluent différemment avec l'âge. L'analyse descriptive révèle, pour chacun de ces groupes de population, la prévalence des différents profils des comportements à risques pour la santé (alcool, tabac, activités physiques et sportives [APS], qualité de la nutrition) et pour les autres variables potentiellement associées à ces facteurs de risque (âge, sexe, IMC, état de santé, traits de personnalité, caractéristiques socio-économiques, type de zone de résidence…).
Les typologies mettent en évidence la complexité des comportements à risques pour la santé. Les hommes ont des comportements nettement plus à risques que les femmes dans l'ensemble. Si les risques se conjuguent globalement de la même manière pour les hommes et les femmes, les variables illustratives révèlent quelques différences notoires au sein de certaines classes.
Discussion/Perspectives : Peu d'études analysent les comportements à risques pour la santé de façon conjuguée. Cette étude apporte des résultats originaux, permettant d'étudier les changements à ce moment clé de la vie, et utiles pour pouvoir bâtir des politiques et des actions de prévention en ciblant les populations concernées. Des approfondissements et des prolongements sont envisagés.